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Penser vélo, manger vélo, voyager vélo et rêver vélo !

Penser vélo, manger vélo, voyager vélo et rêver vélo !

Cycliste Marjorie Maki sur son vélo en montagne

Qui es-tu ? D'où viens-tu ?

Je m'appelle Marjorie, je suis originaire de Lausanne, en Suisse, et j'ai toujours vécu ici. J'ai 31 ans et j'ai un parcours professionnel assez particulier. Je suis infirmière spécialisée en soins palliatifs. En parallèle, j'ai décidé de m'investir dans la qualité des soins en intégrant l'enseignement. 

Quand as-tu commencé le vélo ? Qu'est-ce qui t'a poussée à choisir le cyclisme plutôt qu'un autre sport ?

J'ai commencé le cyclisme il y a 5 ans. Je venais de la natation synchronisée et je cherchais à découvrir un nouveau sport après avoir passé de nombreuses années à compter les carreaux. Je voyais souvent des triathlètes nager dans les lignes adjacentes et la perspective de pouvoir faire plusieurs sports en même temps me plaisait. Je me suis donc mise au triathlon.

Je courais déjà un peu, mais je n'avais pas fait de vélo depuis mon enfance. J'ai décidé d'acheter un vélo avant même de savoir si je savais encore en faire ! Je dois avouer que je ne me suis pas posé beaucoup de questions. Je suis quelqu'un de déterminé et je savais que je me donnerais les moyens d'y arriver.

Et comme nous aimons souvent le dire, le vélo, ça ne s'oublie pas. Enfin, ça ne s'oublie pas, mais ça m'a quand même valu quelques chutes de débutante. Je réalise aujourd'hui qu'à aucun moment je ne me suis fixé de limites. J'ai rapidement rejoint un groupe de triathlon et participé régulièrement à leurs sorties dominicales, ce qui m'a permis de bénéficier de bons conseils et d'augmenter rapidement les distances.

Parmi les trois sports, le cyclisme est celui dans lequel je m'épanouis le plus ! Ce fut pour moi une révélation immédiate. Depuis le jour où j'ai acheté mon premier vélo, un Lapierre Sensium 200, je n'ai fait que penser vélo, manger vélo, voyager vélo et rêver vélo !

Est-ce que le cyclisme t'aide à performer dans d'autres sports ? Comment ?

Le vélo me semble central dans ma pratique sportive mais aussi dans ma vie en général. En effet, j'utilise le vélo pour m'évader, pour découvrir ma région, mais aussi comme soupape lorsque les journées de travail sont chargées, ou encore comme moyen de transport et pour voyager.

Je suis hyperactive et j'ai souvent du mal à me détendre et à prendre du temps pour moi. Le vélo m'offre ce moment de calme. C'est un moment où je me recentre, où je médite en laissant défiler le paysage.

Le vélo me permet d'être en phase avec moi-même et avec la nature qui m'entoure. J'aime rouler seule, accompagnée de mon mari qui partage la même passion, ou d'amis.

En ce qui concerne ma condition physique, le vélo me permet de travailler mon endurance sans me blesser. Ancienne nageuse, je me suis rapidement blessée lorsque j'ai commencé le triathlon. Le cyclisme m'a permis de continuer à m'entraîner malgré les blessures et d'augmenter progressivement mes charges d'entraînement.

Femme cycliste allongée à côté de son vélo

 

Le cyclisme demande beaucoup de temps, et un entraînement régulier si tu veux progresser, comment t'organises-tu au quotidien ?

Pour ma part, je bénéficie des plans d'entraînement d'un coach pour assurer à mon corps un temps de repos suffisant et organiser le travail d'intensité et d'endurance. Mais ce choix est surtout lié aux nombreuses blessures causées par la course à pied. Comme je l'ai déjà dit, je suis un hyperactive et je me suis fracturées les deux jambes en courant trop fort après seulement 3 mois de triathlon. S'en est suivi une série de blessures invalidantes jusqu'au jour où j'ai pris le temps d'écouter mon corps et d'apprendre à me connaître.

Il est beaucoup plus facile de faire du vélo sans se blesser, à condition de bien l'adapter.
Dès que le vélo est prêt à rouler, je travaille de la manière suivante : 80% de terrain et 20% d'intensité. Cela me permet de travailler mon endurance de base en organisant des sorties ludiques axées sur le partage avec les amis et la communauté "les bornées" que j'anime à Lausanne.

Ce que j'aime, c'est passer du temps à planifier mes prochaines sorties et partir à l'aventure, seule ou accompagnée. Il m'arrive même de porter le vélo sur des routes impraticables car j'ai envie d'explorer tous les chemins qui s'offrent à moi.

Chaque sortie est un moment de plaisir et d'exploration. Cela me permet de m'amuser à chaque entraînement, et c'est à mon avis une clé de la progression !

Je profite également, dès que je le peux, de prendre mon vélo pour mes déplacements quotidiens. Cela me permet d'augmenter le temps passé sur le vélo sans y penser et contribue à l'entraînement sur longue distance. Il m'arrive même de partir en vacances ou en week-end et de retrouver mon mari avec mes valises sur place.

Un petit conseil à donner aux femmes qui aimeraient se mettre au vélo ?

Osez ! Et soyez fières de vos réalisations. Il n'y a pas de "petites" montées, de "petites" améliorations ou de "faibles" compétitions pendant les courses. Il n'y a que des réussites et elles méritent toutes d'être célébrées !

Pour celles qui n'osent pas augmenter la distance, il ne faut pas hésiter à prévoir des sorties toujours un peu plus longues, mais qui offrent des solutions de repli, comme la possibilité que quelqu'un vienne nous chercher, ou la proximité des transports en commun si les jambes n'avancent plus.

D'ailleurs, je pense que l'un des conseils les plus importants est de toujours emporter quelque chose à manger ! Parfois, on pense que nos jambes ne bougent plus mais c'est juste qu'il nous manque du sucre ! Comme lorsque j'ai voulu m'attaquer au Mont Ventoux, j'ai réalisé tardivement que je n'avais rien mangé depuis plus de 3 heures !

As-tu un endroit où tu aimes tout particulièrement aller ? Un café, un endroit pour faire du vélo, un lieu inspirant... que tu voudrais nous faire découvrir ?

J'adore sortir du café "ça passe crème" à Lausanne. C'est évidemment le meilleur café de Lausanne et même de Suisse ! Steve et Davide sélectionnent leur café avec beaucoup de passion et le partagent généreusement avec nous ! J'adore cet endroit parce qu'il est aussi très cosy et souvent on se retrouve à parler avec tous les clients alors qu'on ne les connaissait pas 5 minutes plus tôt. Ce sont des moments très spontanés que j'adore.

Selon toi, en tant que femme et cycliste, que pourrait-on faire ou mettre en place pour changer l'image du cyclisme féminin ?

Pour ma part, j'ai décidé de représenter "les bornées" ici à Lausanne. Les Bornées est un projet de féminisation du sport et du cyclisme en particulier par la mixité des hommes et des femmes. C'est une communauté de cyclistes que l'on retrouve dans plusieurs villes de France et maintenant en Suisse.

Je trouve formidable que des hommes et des femmes organisent des sorties à vélo pour tous. Je suis convaincue que la féminisation du cyclisme gagnera en visibilité grâce à la mixité. Cela permet aux femmes et aux hommes de se rendre compte que nous avons tous des forces et des faiblesses, quel que soit notre sexe. Nous sommes tous capables de passer un bon moment ensemble sur le vélo.

J'adore les sorties que j'organise avec mon coéquipier ici à Lausanne. En général, nous évitons de trop séparer les niveaux des participants et nous nous concentrons plutôt sur l'aspect collectif du groupe. J'aime voir les plus rapides descendre une côte après une course et remonter une deuxième fois en encourageant les plus lents. Cela permet à tout le monde de se connaître, d'avoir de bons conseils, le tout dans la bonne humeur. Après quelques mois, il semble tout à fait naturel de rouler avec des femmes et des hommes de tous niveaux.

woman cycling advice

Quel est ton plus grand rêve en tant que cycliste ?

Cette année je me suis inscrite au petit format de la "Race Across France" par hasard et depuis je ne pense qu'à une chose, c'est de me lancer dans l'ultra distance.

Quand une graine est plantée, elle finit toujours par germer. Du coup, j'ai déjà parlé à mon coach de faire une saison supplémentaire de triathlon en augmentant progressivement la charge du vélo pour un futur projet d'ultra distance.

En attendant, j'ai décidé d'explorer les différentes régions de Suisse pour m'entraîner à augmenter progressivement la distance !

Qu'est-ce que le cyclisme signifie pour toi ?

Le cyclisme a contribué à mon émancipation. S'il s'agissait d'une personne, je ne pourrais cesser de la remercier. Le vélo m'a permis de découvrir mes forces et mes faiblesses. Il m'a permis de trouver le calme intérieur. Il m'a fait prendre conscience de la chance que j'ai de pouvoir vivre libre chaque jour.

Le cyclisme me permet de réaliser que le monde est à ma portée, et qu'en me donnant les moyens, je peux atteindre mes rêves. Le vélo n'est pas seulement un sport pour moi, il me permet aussi de me sentir plus forte et plus confiante dans mes projets professionnels et d'oser suivre ma voie.

Pour jeter un oeil à son profil Instagram, c'est ici !

 

Profil Instagram de la cycliste Marjorie